Une enquête menée par Mediapart et Cash Investigation révèle que plusieurs grands noms de l'Église catholique ont couvert ou défendu des prêtres accusés de pédophilie. Alors que l'Église catholique est régulièrement sur la sellette à la suite de différentes affaires de pédophilies découvertes ces dernières années, le Pape François semble faire preuve de la plus grande fermeté sur le sujet. Et pourtant c'est bien lui qui est visé par cette enquête.
Selon Mediapart, alors qu'il était encore archevêque de Buenos Aires, Jorge Bergoglio a activement participé à la défense d'un célèbre prêtre sud-américain, accusé d'actes pédophiles, le père Grassi. L'affaire est révélée en 2002, par l'émission Telenoche Investiga, et Julio Grassi est mis en cause pour agression sur des mineurs de la fondation qu'il a créée Felices Los Ninos. L'une des victimes, Gabriel, violé à l'âge de 15 ans, raconte avoir subi des menaces à la suite de son témoignage, le père Grassi étant considéré comme une véritable star à Buenos Aires. Le père Grassi sera finalement condamné à 9 ans de prison en 2009. Mais, pour l'avocat des victimes, « l'attitude du pape […] a facilité l'impunité de Grassi ».
Questions sur le rôle de Jorge Bergoglio
L'Église argentine, à travers la Conférence épiscopale d'Argentine présidée par le futur Souverain pontife, commande en effet un document intitulé « Étude sur le cas Grassi », véritable contre-enquête diligentée pour innocenter Grassi. Selon Mediapart, qui a pu consulter le document, « la démonstration aboutit à une conclusion à sens unique : la justice s'est trompée, il faut acquitter Julio Grassi en appel ». Le juge Carlos Mahiques, qui a reçu le document, explique, dans Cash Investigation que « c'est une analyse partiale dans certains cas, très partiale dans d'autres. C'est clairement en faveur du père Grassi ». Selon lui, l'objectif est « d'exercer une pression subtile sur les juges ».
La responsabilité du pape François dans l'affaire reste floue. Mais le Vatican a refusé de répondre aux questions des journalistes. Lesquels affirment qu'en 2013, tout juste élu pape, Jorge Bergoglio reçoit le président de la Cour suprême à la veille du réexamen de l'affaire Grassi par la plus haute juridiction argentine. Une visite « privée » dira le magistrat, sans rapport avec cette affaire.