| Sur L'île De LA Réunion, Un Prêtre Comparaît Pour Viols Présumés Sur Mineur
LA Croix
April 26, 2012
http://www.la-croix.com/Religion/Urbi-Orbi/France/Sur-l-ile-de-la-Reunion-un-pretre-comparait-pour-viols-presumes-sur-mineur-_NP_-2012-04-26-799550
Le procès du P. Jacky Hoarau, qui doit répondre de faits présumés de viols, d'agressions sexuelles et d'attouchements commis entre 2008 et 2009 sur un mineur de moins de 15 ans, s'est ouvert jeudi 26 avril devant la cour d'assises de Saint-Denis de La Réunion.
C'est la première fois qu'un prêtre est jugé sur l'île de La Réunion pour de tels faits. Incarcéré pendant six mois après son arrestation en 2010, le P. Jacky Hoarau, placé depuis sous contrôle judiciaire, a été renvoyé par l'Église à l'état laïc. Il encourt jusqu'à vingt ans de prison.
Tandis que le procès se déroule à huis clos, selon le souhait l'avocat de la victime, aujourd'hui lycéen, la demande de l'Église de se constituer partie civile a été rejetée dès le début de l'audience, jeudi 26 avril au matin. Dans une affaire similaire, la demande de constitution de partie civile de l'Église avait été acceptée par la cour d'assises de Seine-et-Marne en 2006. Mais cette démarche avait été jugée irrecevable dans une autre affaire à Strasbourg en 2002.
Des actes sexuels imposés
L'affaire commence le 8 janvier 2010. À l'époque, la chute des résultats scolaires de son garçon alerte sa mère. L'adolescent, servant d'autel à la paroisse de Sainte-Marie à Saint-Denis de la Réunion, alors âgé de 14 ans, finit par confier sa mère le calvaire qu'il subit.
Régulièrement, après la messe du samedi et du dimanche, le P. Jacky Hoarau lui aurait imposé des actes sexuels. Il aurait commencé par l'embrasser en évoquant le baiser des apôtres, avant de lui imposer des faveurs sexuelles, notamment des fellations. Prenant conscience de la gravité des faits, la mère fait un premier signalement à l'évêché qui porte plainte. Puis le parquet de Saint-Denis se saisit de l'affaire.
Le prêtre et le jeune garçon sont alors entendus par les enquêteurs. L'adolescent livre alors le récit des actes sexuels auxquels ce prêtre le forçait. Honteux, il a gardé le silence sur ces viols. Jacky Hoarau avait la confiance de cet enfant de chœur, qui le considérait comme "un dépositaire de la parole de Dieu". Séropositif depuis plus de 20 ans, Jacky Hoarau a avoué ne pas avoir utilisé de moyens de protection lors des différents rapports sexuels qu'il a entretenus avec la victime. Mais le dépistage du VIH de l'enfant révèle qu'il n'a pas été contaminé par le virus du sida.
De son côté, l'accusé reconnaît avoir entretenu des relations d'ordre sexuel mais nie les viols. Il est mis en examen pour "viols sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité" et incarcéré le 3 février 2010. Son avocat, Me Jean-Pierre Gauthier, estime qu'on ne peut pas parler de "pédophilie" mais "d'une complicité qui a dérapé".
« La pire crise que le diocèse ait eu à passer depuis l'époque coloniale »
L'affaire provoque la consternation dans la communauté catholique de l'île. Mgr Gilbert Aubry, évêque de Saint-Denis de la Réunion évoque alors la « pire crise que le diocèse ait eu à passer depuis l'époque coloniale ». En outre, la révélation de ces crimes présumés intervient quelques semaines après la mise en cause du P. Michel Tual, ancien curé de Bras-Panon, soupçonné d'agressions sexuelles sur plusieurs enfants et qui devrait être jugé prochainement en correctionnelle.
Après deux jours d'audience, le verdict devrait être rendu vendredi 27 avril.
|