| Castres Pour Les Punir De Leur Homosexualite !
By Marco Bertolini
myeurop
March 30, 2012
http://fr.myeurop.info/2012/03/18/castres-pour-les-punir-de-leur-homosexualite-4919
Des pretres catholiques neerlandais ont ordonne la castration de jeunes hommes mineurs pour les punir de leur homosexualite. C'etait dans les annees 50, mais l'affaire eclate aujourd'hui aux Pays-Bas.
Les affaires de pedophilie au sein de l’eglise catholique ont suscite un enorme scandale dans divers pays d’Europe, et les Pays-Bas n’ont pas ete en reste. Comme en Belgique, une "Commission d’enquete sur les abus sexuels de mineurs dans l’eglise catholique romaine" a ete creee, la Commission Deetman, du nom de son president.
Mais, au-dela des recits d’attouchements et de viols repetes, c’est une revelation plus effarante encore qui vient d’etre faite au quotidien neerlandais NRC Handelblad: un jeune homme mineur, Henk Heithuis, a ete castre en raison de "son comportement homosexuel" apres avoir depose plainte contre les pretres de l’orphelinat dans lequel il etait place.
Le sculpteur neerlandais Cornelius Rogge a raconte cette horrible histoire au journaliste Joep Dohmen du NRC Handelblad. Mais auparavant, il avait temoigne aupres de la Commission Deetman qui n’en fait aucune mention dans son rapport final.
Henk Heithuis est ne en 1935. Ses parents se separent alors qu’il n’est qu’un enfant et Henk vivra d’orphelinats en maisons d’accueil : a Lochem, a Grave, a Kaatsheuvel, a Roermond, et, finalement, a l’asile Saint-Vincent de Harreveld, dirige par la congregation catholique des Freres d’Amsterdam.
Des orgies dans l’orphelinat
Alors qu’il est age de 17 ans, le 30 janvier 1956, Henk depose plainte aupres de la police contre les pretres de l’institution et en particulier, contre l’abbe Gregorius: ce dernier organise de veritables orgies, ou l’alcool le dispute au sexe. La police enquete et le proces aura bien lieu. Sept autres enfants seront entendus lors des audiences. L'un d'entre, 69 ans aujourd'hui, raconte comment il a ete viole a maintes reprises par le frere Henricus, boulanger de la congregation.
Entretemps, l’abbe Gregorius s’enfuira au Canada et l’action contre lui s’eteindra "faute de preuves"…
Quant a Henk, il a vecu dans sa chair le verset biblique : "Malheur a celui par qui le scandale arrive !" (Lc 17, 1).
Apres sa deposition, la police l’a remis a une institution psychiatrique, la Maison Padua de Boekel, dans le Brabant neerlandais, geree par une autre congregation catholique: les freres penitents. Il y est decrit comme "un homosexuel, une personne indigne de confiance, fantasque et psychiquement desequilibree", autrement dit un "psychopathe".
Le chirurgien mutilait en musique
Ce que Henk decrit comme sa "mutilation" aura lieu a l’hopital Saint-Joseph a Veghel. Dans ses lettres a Cornelius Rogge, il raconte comment le chirurgien mettait de la musique pour mettre a l’aise les jeunes hommes qui attendaient leur tour dans le couloir...
A cette epoque, Henk a 20 ans et donc toujours mineur a l’epoque. Alors que toutes les operations chirurgicales devaient etre enregistrees et declarees a l’Etat, les castrations ne figurent dans aucun registre de l’institution. Pourtant, des temoins vivent encore, notamment des infirmiers qui confirment que ces interventions ont bien eu lieu.
En avril 1957, Henk s’engage dans la marine marchande. Il s’embarque sur un navire en partance pour l’Indonesie. En juillet 1957, il est au Japon. Il est si malade qu’il demande son rapatriement via les autorites neerlandaises. Le consul-general neerlandais dans la ville de Kobe, charge de ce rapatriement en parle a son voisin, Ijsbrand Rogge. Avec son frere Cornelius, le sculpteur qui vient de tout raconter au NRC Handelblad, ils s’interesseront a l’histoire de ce jeune homme. Ils deviendront ses confidents. Henk et sa mere leur ecriront en tout plus de 35 lettres. Puis la malchance poursuit Henk jusqu’au bout: a 21 ans, il se tue dans un accident de voiture.
Le premier ministre de l'epoque implique?
Mais Henk ne serait pas un cas isole. Neuf autres victimes mineures de castration forcee pour homosexualite ont ete identifiees par les freres Rogge et d’autres investigateurs.
Pourtant, cette affaire ne refait surface qu'aujourd'hui. "Pendant 35 ans, j’ai tente d’attirer l’attention sur cette histoire", explique Cornelius Rogge. Il a tente d’en parler a la Commission Deetman qui n’a ni enquete, ni meme mentionne ces faits dans son rapport final.
Il est vrai que le president du conseil d’administration de l’internat - a l’epoque ou Henk et des dizaines d’autres enfants ont ete abuses - n’etait autre que Vic Marijnen. Homme politique catholique, ministre a partir de 1959 et premier ministre de 1963 a 1965. Pouvait-il ignorer ce qui se passait au sein de son institution? Ses tentatives repetees pour obtenir la grace des freres incrimines suggerent plutot le contraire…
Au parlement, l’opposition politique reclame a present que toute la lumiere soit faite sur l’implication des autorites neerlandaises dans ces abus sexuels a l’encontre de mineurs et des mutilations forcees comme punition des homosexuels. Elle exige l’ouverture d’une enquete parlementaire.
La castration eugenique, une pratique hier courante
Les Pays-Bas – tout comme l’Allemagne nazie, mais aussi la Suede ou les Etats-Unis – ont eu recours a la castration eugenique. C’est-a-dire a l’ablation des testicules afin d’eviter que des "elements indesirables" de la societe ne se reproduisent.
L’historien neerlandais Theo van der Meer estime ainsi qu’entre 1930 et 1969, au moins 400 hommes ont ete envoyes dans une clinique par leur pasteur, leur medecin ou leur psychiatre afin d’y subir une "castration volontaire"… Mais "souvent, ils n’etaient pas conscients des consequences de cette operation" precise l’historien.
Un psychiatre neerlandais des annees cinquante, Aime Wijffels, doit son surnom de "castreur des Pays-Bas" a sa propension a utiliser ces methodes. Il est responsable de 70 castrations dont la moitie n’a pas ete ordonnee par decision de justice. Des pretres catholiques se sont egalement fait les champions de ces interventions punitives.
Mais jusqu’ici, a part les freres Rogge, personne ne savait que l’eglise catholique romaine avait aussi fait proceder a la castration de jeunes hommes mineurs, comme "punition pour leur comportement homosexuel"…
|