By Olivier Bot
Tribune de Genev
December 16, 2011
http://www.tdg.ch/mille-victimes-pretres-pedophiles-2011-12-16
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Plus de dix mille mineurs ont ete victimes d’une predation sexuelle de la part d’un religieux ou d’un laic de l’Eglise catholique aux Pays-Bas depuis la fin de la guerre. «C’est un chiffre absolument enorme», commentait hier l’ex-ministre Wim Deetman, lors de la presentation d’un rapport etabli par la commission independante qu’il preside depuis sa creation en aout 2010.
Suite a la revelation de plusieurs affaires cette annee-la, la conference episcopale et celle des instituts religieux aux Pays-Bas ont demande une enquete ?«large, externe et independante». Sur la base de pres de 1800 plaintes adressees a l’Eglise, la commission a identifie pres de 800 agresseurs, dont une centaine encore en vie. Les faits decrits vont de l’attouchement au viol et se sont generalement deroules dans des institutions catholiques recevant des enfants, notamment dans des internats scolaires.
Dans ce pays dont 29% des 16 millions d’habitants se declarent catholiques, ce rapport terrifiant donne une idee de l’ampleur inedite des affaires de pedophilie touchant l’Eglise.
Le nombre des victimes demeure estimatif puisqu’il est etabli sur la base d’un sondage aupres de 34?000 Neerlandais de plus de 40?ans qui ont accepte de repondre aux questions. Cependant, les cas de pretres pedophiles ne representent en moyenne que 4% des faits recenses. L’essentiel des auteurs d’agressions sexuelles et viols sur enfants sont en effet majoritairement des membres de la famille ou des proches. La commission Deetman a cependant estime que le celibat des pretres presentait un risque particulier, meme s’il n’etait pas crucial.
«L’Eglise savait ce qui se passait et a tente en vain de resoudre le probleme», notait Wim Deetman, lors d’une conference de presse.
Apres celle des Etats-Unis, d’Irlande, de France, d’Autriche ou d’Allemagne, la hierarchie catholique neerlandaise a ete accusee d’avoir ferme les yeux. La commission soulignait aussi la passivite de l’Etat, notamment par le «tabou» sexuel pesant jusque dans les annees 60 et une «culture fermee» de l’Eglise catholique.
Pourtant, le Vatican condamne explicitement depuis 1962 les abus sexuels commis par des religieux comme «des blessures tragiques infligees a l’Eglise». La revelation des differentes affaires tient aussi a la politique de transparence et de «tolerance zero» pronee par le pape Benoit XVI des le debut de son pontificat.
La Conference des eveques des Pays-Bas a reagi hier a la publication de ce rapport, en presentant de «sinceres excuses» aux victimes, exprime «des regrets» et assure d’etre «couvert de honte». «Il n’y a pas que les auteurs qui sont a blamer, les autorites religieuses n’ont pas reagi de facon adequate et n’ont pas privilegie les interets des victimes», ont-ils reconnu.
Une autre commission, chargee de conseiller l’Eglise, avait preconise le 20 juin dernier de dedommager les victimes en fonction de la gravite des faits par des sommes pouvant aller jusqu’a 100?000?francs.
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