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" Je Suis LA Seule à Avoir Osé Porter Plainte" Contre L'Opus Dei Le Nouvel Observateur September 22, 2011 http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20110922.AFP0591/je-suis-la-seule-a-avoir-ose-porter-plainte-contre-l-opus-dei.html
Unique plaignante face à la puissante Opus Dei, Catherine Tissier a tenté jeudi de convaincre le tribunal correctionnel de Paris qu'elle a été exploitée par l'organisation catholique, des accusations que le tribunal, saisi d'une simple affaire de travail dissimulé, peinait à entendre. Il aura fallu attendre deux heures d'audience pour que le nom de l'Opus Dei soit cité devant la 31e chambre. Ensuite, il ne sera plus question que d'elle. En effet, l'organisation catholique n'est pas poursuivie mais elle reconnaît entretenir un lien "pastoral" avec l'Association de culture universitaire et technique (Acut), qui comparaît pour "travail dissimulé" et "rétribution contraire à la dignité". Aux côtés de l'Acut sont jugées deux membres de l'Opus Dei: Claire Bardon de Segonzac, directrice de l'école d'hôtellerie de Dosnon, dans l'Aisne, et Agnès Duhail, secrétaire au Centre international de rencontres du château de Couvrelles, deux établissements qui dépendent de l'Acut. A l'origine de la procédure: Catherine Tissier. En 1985, alors qu'elle a 14 ans, son collège conseille à ses parents de la diriger vers l'école Dosnon pour y passer son CAP. Là-bas, elle découvre que l'école "appartient à l'Opus Dei". Elle devient "numéraire auxiliaire", soit en langage opusien chargée des tâches ménagères. Pendant treize ans, elle dit avoir nettoyé, rangé et servi tous les jours durant une douzaine d'heures, week-end compris, sans jamais prendre de vacances, ni être valablement payée, dans différents établissements gérés par l'Opus Dei. En outre, a-t-elle raconté jeudi la voix cassée par l'émotion, "j'allais à la messe tous les jours, je me confessais toutes les semaines". A chaque fois qu'elle allait chez le médecin, elle était accompagnée d'un membre de l'Opus Dei. "Pauvreté, chasteté, obéissance" A 16 ans, on l'amène à prononcer ses voeux: "pauvreté, chasteté, obéissance". Avec interdiction d'en parler à ses parents. Ils "étaient devenus le diable. On leur a dit: +maintenant, sa famille c'est nous, vous ne la verrez qu'une fois par an.+" Mais, "en janvier 2001, a-t-elle relaté, je suis allée en urgence chez le médecin de mes parents". Elle ne pesait plus que 39 kilos. "Il m'a expliqué que j'étais droguée à très forte dose, avec des neuroleptiques et leurs génériques" prescrits par un médecin de l'Opus Dei. La jeune femme quitte alors l'Acut. A l'époque, a-t-elle témoigné, les salaires sont "rentrés sur mon compte, mais ils en sont sortis tout seul. Les sommes, je ne les ai jamais vues." Selon elle, on lui versait un salaire mais ses directeurs successifs lui demandaient de leur signer des chèques en blanc, qu'ils remplissaient ensuite, prétendument pour récupérer des frais d'hébergement ou de librairie. Faux, répond Agnès Duhail. "Elle a été payée. (...) Elle a toujours fait ce qu'elle a voulu. Si elle a voulu faire un chèque en blanc, elle l'aura fait." "Tout le monde a été payé et faisait ce qu'il voulait avec son argent. C'est la seule à tenir ces propos", a appuyé Claire Bardon de Segonzac. "Je suis la seule à avoir osé porté plainte", a surtout rétorqué Catherine Tissier. "Je connais des gens qui en sont sortis qui disent à la virgule près la même chose que moi. Il y en a qui me disent encore: +J'en fais des cauchemars toute la nuit. J'ai peur.+" "Elle a eu le courage de parler pour toutes celles qui n'ont pas eu le courage", a acquiescé Anne-Cécile R., venue avec d'autres jeunes femmes pour conforter le récit de Catherine Tissier. "Jamais, je n'aurais réussi à parler de cela aussi ouvertement". "J'ai honte de m'être fait avoir pendant plusieurs années, a-t-elle poursuivi, d'avoir travaillé comme ça, d'avoir accepté des choses qu'on n'accepte pas. Je me suis fait +pigeonner+" Fin du procès vendredi soir. |
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