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Eglise: Eric De Beukelaer Est L'invite De Matin Premiere RTBF January 17, 2011 http://www.rtbf.be/info/matin-premiere/egliseeric-de-beukelaer-est-linvite-de-matin-premiere-295470 Il y a tout juste un an, le Vatican decidait de nommer Andre Leonard comme archeveque de Malines-Bruxelles. Cette premiere annee de mandat aura ete plus que mouvementee : scandales des pretres abuseurs, polemiques nees de declarations du nouvel archeveque, Eglise en perte de vitesse au sein de la population... Arnaud Ruyssen fait le bilan ce lundi matin avec Eric de Beukelaer, l'ex-porte-parole des eveques de Belgique. Georges Lauwerijs : - Et l'invite du 7-9 ce matin, c'est Eric de Beukelaer. Arnaud Ruyssen, on va evoquer les travaux de la commission d'enquete sur les abus sexuels mais aussi un bilan. Ca fait tout juste un an qu'Andre-Joseph Leonard est arrive a la tete de l'Eglise catholique belge, Arnaud. AR : - Oui, c'etait un lundi, c'etait le 18 janvier pour etre precis, qu'Andre Leonard etait ainsi designe. On y revient donc avec Eric de Beukelaer, bonjour. EdB : - Bonjour. AR : - Alors si on doit faire un bilan de cette annee 2010, pas mal de tempetes, de scandales lies justement a la revelation de ces affaires de pedophilie, de polemiques aussi sur les propos d'Andre-Joseph Leonard, est-ce que c'est une annee noire pour l'Eglise catholique, que vous venez de vivre ? EdB : - Oui, le terme qui est revenu lors des bilans de fin d'annee, c'est "annus horribilis", reprenant l'expression que la Reine d'Angleterre avait maniee, il y a quelques annees. Oui, c'est une annee noire, surtout marquee par la demission choc de l'Eveque de Bruges lors de l'introduction de la conference de presse annoncant cette demission, j'avais parle d'une journee noire. On ne s'attendait pas a ce que ca se poursuive. D'un autre cote, ce qui est une annee noire peut-etre aussi une annee vraiment charniere de remise en question, de remise a plat, de renaissance, de renouveau, moi, je suis plutot un optimiste, c'est une annee difficile surtout pour les croyants du terrain, qui ont du prendre choc apres choc, mais c'est peut-etre l'occasion d'un renouveau. AR : - On va y venir justement a ces questions sur un possible renouveau. Mais d'abord sur l'annee elle-meme, est-ce que c'est la demission justement de l'Eveque de Bruges, les aveux d'abus sexuels de sa part, qui ont genere tout ce qui a suivi, la revelation de centaines et de centaines d'abus sexuels commis par des pretres ou bien est-ce que c'est un changement de politique, le fait que Monseigneur Leonard soit arrive et dit, c'est la fin de la loi du silence comme il l'a dit d'ailleurs dans une homelie ? EdB : - Mais je pense que c'est une serie d'elements associes, l'electrochoc de la demission de l'Eveque de Bruges, certainement et surtout en Flandre, c'est pas pour rien que la plupart des personnes qui sont venues parfois apres de nombreuses annees, avec des histoires tres douloureuses d'abus sexuels que l'on faits en Flandre, la demission de l'Eveques de Bruges, je le disais a l'epoque, etait un tremblement de terre de magnitude 7 en Belgique francophone, en Flandre, ca a ete de magnitude 9, ca a ete beaucoup plus fort encore. Deuxiemement sans doute, l'appel de Monseigneur Leonard qui a souhaite vraiment qu'une fois pour toutes, on y voir clair et qui tres fortement lors de la conference de presse de fin avril, on a annonce cette demission, a dit, mais bon sang, cheres victimes, si vous le pouvez, je ne peux pas vous forcer mais allez a la Justice, si c'est encore possible et si vous ne pouvez plus aller a la Justice, iront a une Commission. Troisieme chose, je crois, la commission qui commencait vraiment a se faire connaitre, la personnalite de son president, le Professeur Peter Adriaenssens qui inspirait beaucoup de respect et dont beaucoup de gens ont dit, oui, vers cet homme, nous voulons bien nous tourner, je crois que ce sont les trois elements qui ont joue. AR : - Vous avez dit une phrase importante, vous avez dit, Monseigneur Leonard a voulu en finir une fois pour toutes justement avec ces questions-la, ca veut dire que jusque la, vous reconnaissez qu'il y avait une forme de loi du silence, une forme de charte du silence dans l'Eglise ? EdB : - Non, je ne mettrai pas ca jusque la, donc Monseigneur Leonard lors de son homelie de Paques, a bien reconnu et tous les Eveques, il y a eu une culture du silence mais la situer a ce moment-la, ca, je ne pense pas parce que la Commission existait bien avant, depuis 1997, les Eveques, c'est donc le debut, enfin la fin des affaires Dutroux. Il y a eu un point de contact, donc les Eveques avaient, AR : - Mais avec tres peu de cas, on a enregistre tres peu de cas, une trentaine si je ne m'abuse ? EdB : - Oui, oui, mais ce n'est pas parce que les Eveques ne souhaitaient pas que les cas viennent, c'est parce que je pense et moi, je peux comprendre ca, je serais dans le cas, ayant vecu, heureusement ca n'est pas arrive mais ayant vecu un abus peut-etre il y a 20 - 30 ans, bon, de se dire, maintenant, c'est fini, de toute facon, c'est trop tard, je n'ai pas envie de revenir avec cette souffrance. Il a fallu cet electrochoc, je pense de la demission de l'Eveque de Bruges, un Eveque en fonction depuis tant d'annees, une personnalite respectee et dont on decouvre quelque chose d'aussi massif, enfin, moi, quand je l'ai appris, j'ai du m'asseoir en me disant, mais ou va-t-on, pour que des gens se disent, maintenant, il est temps de parler. Je crois que c'est vraiment ca, c'est un changement de culture aussi, oui, de fait, il y a 30 - 40 ans, ca arrivait, ce n'etait pas que le fait du clerge ou de la hierarchie. Je crois que les parents disaient, bon, tais-toi, aux enfants, on n'en parlera pas et puis c'est tout, ce qui est un tort mais c'etait un peu comme ca. Il est beaucoup plus sain et ca y est en tout cas qu'aujourd'hui, ce genre de choses-la sortent, c'est pour le bien des victimes surtout. AR : - Mais vous, vous avez travaille assez longuement avec le Cardinal Danneels comme Archeveque, vous etiez le porte-parole de la Conference des Eveques jusqu'a la fin du mandat du Cardinal Danneels. Est-ce que vous avez vous aussi, comme il l'a dit plus ou moins, des regrets en disant, on n'aurait quand meme du ou pu le faire un petit peu plus tot. On n'a peut-etre pas pris assez en compte aussi, le sort des victimes ? EdB : - Mais ecoutes, par apres, on peut toujours dire, on aurait du, on aurait pu et certainement et j'en prends ma part. Maintenant, je n'ai en tout cas, en ce qui me concerne, je ne le dis pas pour me dedouaner, je le dis pour expliquer ce qui s'est passe, j'etais porte-parole mais tous les mois, j'ai assiste aux Conferences episcopales, je n'ai jamais vu un Eveque dire, bon, mais ca, on va le cacher ou quoi, je crois que j'aurais vu ca, je serais parti, ca, c'est clair. J'ai toujours vu des Eveques avec ce qu'ils sont, avec les lourdeurs d'un systeme, mais essayer de faire leur possible pour que cette Commission qu'ils avaient, qu'ils avaient vraiment voulue. Vous savez, il aurait ete plus simple pour les Eveques, de dire, on ne fait pas de Commission. Allez a la Justice, ah, tout est prescrit, ah, c'est bien dommage, mais c'est comme ca. Et des le debut de l'an 2000, ils se sont dit non, on souhaite vraiment que pour ces victimes-la, il puisse aussi y avoir quelque chose, on va prendre nos responsabilites. AR : - Mais comment expliquer pour en terminer sur ce point, que selon des chiffres qui ont ete communiques tres recemment justement par la Conference episcopale, il y aurait 134 Pretres abuseurs recenses par justement la Conference des Eveques mais seuls 21 de ces Pretres auraient ete effectivement condamnes, comment expliquer justement cette disproportion, ca fait a peu pres1 sur 6, meme moins ? EdB : - Ecoutez, j'ai vu les chiffres mais je ne connais pas le dossier donc quelle est la date de ces abus ; est-ce que c'est avant la creation de la Commission ? Est-ce que c'est apres ? AR : - La Conference episcopale elle-meme n'est pas tres precisement a ce sujet ? EdB : - Mais ecoutez, je n'en sais rien. Tout ce que je sais, parce que quand j'ai vu ca, j'ai quand meme donne un coup de fil pour savoir mais je ne suis plus porte-parole, je ne suis plus au sein de toutes les informations, c'est que c'etait un document qui avait ete remis a la Commission parlementaire et qui n'etait pas suppose d'ailleurs etre diffuse mais enfin bon, nous savons que parfois ca arrive, il l'a ete, bon, je ne peux pas vous repondre sur ce qui n'est pas sur ce document et je n'ai pas les moyens de le savoir, ce n'est pas que je veuille le cacher mais ne me demandez pas des informations sur ce que je ne connais pas. Tout ce que je sais parce que ca, ca a ete assez communique, c'est que la plupart des cas, pas tous, mais la plupart des cas, c'est avoir la creation de la Commission. Apres, eh bien, elle a fonctionne, voila. AR : - Alors un petit mot sur les perquisitions de la fameuse Operation calice parce que c'etait un des derniers faits de votre mandat en tant que porte-parole, vous l'etiez toujours a ce moment-la pour encore un mois. On sait que c'est ce qui va etre au menu de la Commission d'enquete sur les abus sexuels aujourd'hui a la Chambre, ou des policiers vont etre auditionnes. Est-ce que pour vous, il y a eu un probleme comme certains l'ont dit au sein de l'Eglise, dans ces perquisitions, des choses qui n'ont pas ete faites de maniere correcte et normale ? EdB : - Ecoutez, j'etais present au niveau des perquisitions. Perquisitions, ce n'est jamais agreable surtout quand c'est en pleine Conference episcopale et que donc il y a beaucoup d'Eveques presents et qu'on a un ordre du jour et que bon, on est prive de sa liberte jusqu'au soir, mais nous l'avons dit le soir meme, j'ai fait partir un communique vers l'Agence Belga et la Justice doit faire son travail ; nous n'avons donc, si la Justice pensait devoir faire ce travail, qu'elle le fasse. Nous avons pose la question de savoir, est-ce que c'etait proportionnel, une fois qu'on a su ce dont il etait question, mais non, sinon, les choses se sont passees correctement. La ou par contre, nous avons des le debut, emis des regrets profonds, c'est les perquisitions aupres de la Commission Adriaenssens parce que la, il s'agissait des victimes. Beaucoup de victimes avaient ete aupres de cette Commission et la Commission avait assure que la confidentialite qu'elle demandait, serait respectee et soudainement, voir que tous ces dossiers soient perquisitionnes. Nous avons trouve que c'etait tres violent et que c'etait injuste. La Commission a demissionne. Elle faisait un travail remarquable. C'est tres dommage et ca, on l'a dit depuis le debut mais en ce qui concerne les perquisitions tant chez le Cardinal Danneels qu'a l'Archeveche, mise a part la question de la proportionnalite qui a ete posee assez vite par les avocats et la, je laisse les juristes debattre sur le principe meme, l'Eglise n'est pas au-dessus des lois, nous l'avons toujours dit. AR : - On va revenir sur la personnalite specifique d'Andre-Joseph Leonard, un mot qui a ete designe il y a 1 an, comme Archeveque, qui a du gerer justement toute cette tourmente autour notamment de cette question autour des abus sexuels dont on vient de parler. Un dernier sondage, bon, c'est un sondage, disait, que 84% des Flamands jugent qu'Andre-Joseph Leonard a mal gere le probleme des abus sexuels. Est-ce que c'etait la bonne personne a la barre durant cette annee justement tres compliquee, Eric de Beukelaer ? EdB : - Mais une fois de plus, c'est tres difficile quand on est au coeur d'une crise de tirer des bilans, Monseigneur Leonard est arrive en janvier. En avril, il y a ce choc inattendu, gigantesque, de la demission de l'Eveque de Bruges. Je crois que de l'avis generalise y compris des redactions, j'etais encore a l'epoque, porte-parole, tout le monde a trouve qu'il avait ete tout a fait a la hauteur. Il a pris les bonnes decisions. La Conference de presse est une Conference de presse verite, totale. Et donc par rapport a cela, je crois que l'image de marque de Monseigneur Leonard, par rapport a cette crise, a ete assez intacte jusqu'au mois de septembre. La ou ca a commence a moins bien se passer pour des raisons, la, je n'etais plus en fonction, ce n'est pas du a ca, c'est que quand le Professeur Adriaenssens a sorti son rapport, les Eveques ont dit, eh bien, nous allons faire une Conference de presse le lundi pour reagir et cette Conference de presse, eh bien, n'a pas repondu a toutes les attentes et les Eveques l'ont reconnu. AR : - C'est le cas de le dire, effectivement, ca n'a pas du tout repondu meme aux attentes, les critiques etaient generales des le lendemain de cette Conference de presse. EdB : - Oui, oui et je crois que c'est a moment-la que les choses ont change. Maintenant, je peux aussi dire, la Conference de presse a ete un exercice collectif, ce n'etait pas Monseigneur Leonard qui etait a la manoeuvre, ce n'est pas pour le dedouaner mais il ne faut pas non plus uniquement tirer sur le pianiste mais voila, ca a ete une occasion manquee et a partir de la, la perception a change, je peux le comprendre, tout le monde fait des erreurs. Peut-etre que c'est un peu la culture du zapping aujourd'hui, on a oublie quand meme ce qui s'etait fait avant. AR : - Oui, mais ce qui s'etait fait avant, d'accord avec vous, en finir avec cette culture, cette loi du silence comme Andre-Leonard l'avait dit lui-meme et puis effectivement quand il a fallu traduire cela en acte apres, justement, le fait d'avoir collecte les plaintes sur les indemnisations notamment c'est la grande question qui demeure encore au cours de cette Commission sur les abus sexuels, on sent que l'Eglise est extremement frileuse. Vous, votre avis, Eric de Beukelaer, est-ce qu'on doit aller vers des indemnisations de l'Eglise meme pour des cas prescrits au niveau de la Justice ? EdB : - Oui, je vais vous repondre, je vous disais il y a un instant que j'avais regrette les perquisitions a la Commission Adriaenssens, ce qui avait force la demission. Je signale que ces perquisitions aujourd'hui, ont ete declarees illegales. L'Eglise avait mis un instrument sur pied, un instrument qui fonctionnait pour recevoir les plaintes, pour ecouter les gens et eventuellement pour dedommager si besoin en etat. Cet instrument a ete mis a mal, il n'existe plus aujourd'hui, les Eveques sont un peu demunis, moi, je veux bien, tout le monde dit, mais qu'est-ce que vous allez faire ? Mais il y a d'abord, ils le disent aujourd'hui, bon, le 13 septembre, ils ont dit, on va peut-etre essayer de faire autre chose, tout le monde leur est tombe dessus, ah, vous allez revenir avec un Tribunal d'exception. Bon, du coup, ils ont dit, bon, on ne fait plus rien. Et alors on dit, mais comment allez-vous dedommager, ils disent, mais ecoutez, s'il y a des bases legales, faisons-le, mais sinon, ils sont un peu a quia, je crois qu'on ne leur rend pas la vie facile et on leur fait de ce point de vue-la, un mauvais proces. AR : - Alors un dernier mot, Eric de Beukelaer, au vu d'une serie de declarations de Monseigneur Leonard sur d'autres sujets, le Sida, l'homosexualite, etc, est-ce que vous avez l'impression, vous, qu'il est en phase avec son temps et avec l'Eglise catholique belge d'aujourd'hui, ce que beaucoup lui reprochent de ne pas etre ? EdB : - Mais c'est un homme de conviction forte ; c'est un homme qui force le debat et moi, je dis toujours aux gens, au lieu de simplement dire, c'est scandaleux parce que ca vous derange, si vous n'etes pas d'accord, entrez en debat avec lui et il sera toujours pret a vous repondre. GL : - Eric de Beukelaer, notre invite. Nous commentons ce matin une annee mouvementee pour l'Eglise catholique belge : 070 / 22 37 37 ou matinpremiere.be pour poser vos questions. |
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