rtbf
September 13, 2010
http://www.rtbf.be/info/belgique/religion/pedophilie-les-excuses-de-guy-harpigny-254147
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Au lendemain d'une communication a la presse de l'Eglise belge, jugee unanimement peu convaincante, l'eveque de Tournai Guy Harpigny tente de redresser la barre au micro de Matin Premiere. Il presente des excuses, mais avec beaucoup de prudence.
Mission delicate pour l'eveque Guy Harpigny, referent de l'episcopat belge pour la problematique des abus sexuel commis par des clercs : la presse est en effet assez unanime pour considerer la communication de l'Eglise belge comme un echec. Un echec que Guy Harpigny ne cherche d'ailleurs pas a masquer : "C'est evident que la communication est tres mal passee. On peut dire que c'est sur la forme mais je crois que c'est surtout sur le fond...". Guy Harpigny ne cache pas son malaise par rapport a cette communication, dont il reconnait le caractere insipide. Peut-etre parce que, dans l'immediate foulee de la publication du rapport de la commission Adriaenssens, certaines des reponses souhaitees ne pouvaient pas etre apportees avec toutes les garanties requises, se risque-t-il.
Il tente toutefois de justifier : "La premiere chose qu'on a tente, c'est d'avoir une parole forte". Mais il apercoit bien ou se trouvent les manques dans cette communication, en particulier l'absence de discours clair sur la place de la justice vis-a-vis de ces delits. Guy Harpigny explique a ce sujet avoir recu nombre d'appels telephoniques depuis la conference de presse de lundi, "y compris de parlementaires", qui lui disent "de grace, donnez tous les dossiers a la justice. Ne faites pas semblant que vous collaborez avec la justice (...) parce qu'on vous soupconne toujours de vouloir cacher des abuseurs". "J'ai bien entendu cet appel et j'en parlerai des que possible" dit encore le prelat. Il pense toutefois ne pas pouvoir transmettre d'initiative tous les dossiers de la commission Andriaenssens au pouvoir judiciaire sans avoir obtenu au prealable l'aval des victimes.
La crainte des indemnisations massives
L'Eglise de Belgique est egalement pointee du doigt pour ne pas avoir presente d'excuses aux victimes. Une situation qui gene manifestement les eveques et Guy Harpigny le reconnait sans detour : "Je reconnais tout a fait que l'Eglise comme institution doit assumer tout le mal qui a ete commis et je dois faire fort attention parce que si je dis que je reconnais une responsabilite morale de l'Eglise par rapport a des faits anciens, assez rapidement on va en deduire une responsabilite juridique et la machine judiciaire va se mettre en route pour obtenir des indemnisations dans tous les cas". Une situation que l'Eglise veut manifestement eviter. Et Guy Harpigny n'en fait pas mystere : si la communication de l'Eglise est apparue tres froide, c'est par peur d'ouvrir le champ a des indemnisations massives.
Mais s'il y a vraiment responsabilite de l'Eglise, il n'y aurait pas de raison de s'opposer a une indemnisation, laisse-t-il entendre. "Les deux positions sont tenables (...) mais on veut quand meme que s'il y a exigence d'indemnisation, ce soit le monde de la justice qui l'exige".
Meme si le contexte societal a l'epoque de la majorite des faits recenses faisait que l'on ne parlait guere de cela, Guy Harpigny reconnait egalement que le silence de l'Eglise autour des faits de pedophilie a ete trop pesant.
D'apres les informations dont l'eveque de Tournai dispose, le Vatican devrait rapidement prendre attitude dans le cas specifique de l'ancien eveque de Bruges, Roger Van Gheluwe, qui avait reconnu avoir abuse d'un jeune homme de son entourage. A son propos Guy Harpigny dit sans detour que l'homme ne parait pas totalement conscient de l'importance des faits, selon les temoignages de personnes qui l'ont rencontre. "Ceux qui sont dans son cas reconnaissent tres rarement qu'ils sont en faute", tente Guy Harpigny, se fondant sur les avis recueillis aupres de psychiatres.
Fermete et excuses
Pour les membres du clerge qui se sont rendus coupables d'abus sexuels et qui sont encore en vie, Guy Harpigny se dit pret a demander a chaque eveque d'entamer vis-a-vis d'eux un proces canonique. Et si les faits sont prescrits, il estime qu'il est parfois possible de contourner l'obstacle, notamment en raison des nouvelles dispositions emanant du Saint-Siege.
"Il faudra etre beaucoup plus clair et beaucoup plus ferme aussi" avance l'eveque de Tournai. "Je crois que maintenant il faut systematiquement donner les dossiers a la justice" dit l'homme d'eglise, avant de conclure sur des excuses formulees a titre personnel, et qui laisseront peut-etre encore un gout de trop peu: "Evidemment comme eveque je dois assumer tout ce qui s'est passe et je peux dire a toutes les victimes que ce qui s'est passe n'est vraiment pas conforme a ce que le Christ propose. C'est un peche, c'est un crime, ce sont les pires choses. Je demande pardon, je presente mes excuses ; mais sachez que je n'etais pas la, a ce moment-la en charge. Et donc s'il y des indemnisations a prevoir, il faut passer par la justice".
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